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Le Droit International Humanitaire
27.02.2020 |

Conscientiser les ‘gamers’ au DIH grâce à Fortnite

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est associé aux créateurs du jeu vidéo Fortnite pour faire découvrir les activités principales effectuées par le personnel de l’organisation à travers le monde et sensibiliser les ‘gamers’ aux règles essentielles du droit international humanitaire.

Le jeu vidéo comme vecteur d’influence

Depuis des années, le CICR propose une approche spécifique destinée à la communauté des ‘gamers’, dont le succès auprès des nouvelles générations est grandissant. Mais, Fortnite est un véritable phénomène culturel qui compte plus de 250 millions de joueurs, dont la majorité a moins de 25 ans. Il s’agit donc d’un enjeu de taille qui offre une réelle possibilité de s’adresser à un public large et d’exercer une grande influence sur la manière dont les jeunes et la société dans son ensemble perçoivent l’acceptable et l’interdit dans des situations de conflit armé. Les jeux vidéo fédèrent aujourd’hui des communautés entières qui s’échangent des contenus allant bien au-delà des jeux en eux-mêmes. Des streaming rassemblant de véritables vedettes qui comptabilisent des millions d’abonnés peuvent dès lors être diffusés à des fins sociétales, comme ce fut le cas il y a quelques semaines pour le lancement du mode de jeu humanitaire sur Fortnite.

Sauver des vies au lieu de les prendre

Dans Fortnite, les joueurs s’affrontent dans un monde virtuel jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un seul survivant, un objectif très éloigné de l’idéal des Conventions de Genève… Raison pour laquelle un mode de jeu créatif, baptisé Liferun, est désormais accessible pour faire découvrir les activités principales du CICR. La mission débute devant le siège de l’organisation à Genève où les joueurs ont le choix entre 4 options : reconstruire une école, apporter des biens essentiels à la survie d’un village, déminer une région ou soigner des civils dans une zone urbaine. Lorsque ces missions sont accomplies, des liens sont disponibles pour obtenir plus d’informations sur le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Si vous êtes un joueur de Fortnite, vous pouvez accéder à Liferun avec le code suivant :
1992-1013-9260

Une éthique en question

A l’heure actuelle, l’industrie du jeu vidéo est en pleine évolution et les jeux faisant l’apologie de la violence indiscriminée semblent laisser une place de choix à une logique d’action plus raisonnée. De nombreux jeux de guerre ou de combats actuels dissuadent les joueurs de s’en prendre aux civils par différents types de pénalisations, telle que la perte de la partie ou l’impossibilité de progresser dans le scénario. Un exemple marquant est celui du jeu This War of Mine, dans lequel les joueurs·euses n’incarnent pas un soldat, mais un groupe de civils qui tentent coûte que coûte de survivre dans une ville assiégée en temps de guerre. Les jeux vidéo doivent-il désormais tous répondre à une certaine éthique en matière de conflits armés ? C’est un débat dans lequel le CICR n’a pas désiré s’engager jusqu’à présent.

Un risque de banalisation

Par contre, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a exprimé publiquement son intérêt au sujet des opportunités que les jeux vidéo simulant des situations de guerre offrent pour intégrer et mieux faire connaître le droit international humanitaire (DIH). Dans une publication intitulée « Beyond the Call of Duty: Why shouldn’t  video game players face the same dilemmas as real soldiers ? », le CICR précise qu’il est primordial que les règles qui régissent l’usage de la force dans les conflits armés s’appliquent dans les jeux vidéo représentant des scènes réelles de combat au même titre que les lois de la physique et que les scénarios de jeux ne récompensent pas des joueurs ayant commis des actes qui seraient qualifiés de crimes de guerre dans la réalité. En effet, de telles mises en scène pourraient conduire à une banalisation, voire une acceptation, de violations graves du DIH.

Les limites entre réalité et fiction

Il est cependant important de stipuler que ces suggestions ne concernent que les jeux vidéo qui simulent des situations de guerre réelle et non les scénarios plus imaginaires, comme les guerres médiévales ou les attaques intergalactiques. De même, il est évident que personne ne peut commettre un crime de guerre simplement en jouant à un jeu vidéo et qu’à partir du moment où des violations graves du DIH se produisent dans les authentiques zones de conflits, elles peuvent parfaitement être intégrées dans les jeux vidéo. Mais, dans la réalité, les forces armées et groupes armés doivent respecter le DIH et les jeux vidéo qui simulent cette expérience pourraient donc facilement intégrer la diffusion des règles à respecter en période de conflit armé. Une prise de conscience d’autant plus importante dans le cas des jeux vidéo car les protagonistes sont amenés à prendre sciemment des décisions, par exemple sur le recours ou non à la force, l’usage de la torture et l’assassinat de détenus, les attaques délibérées contre les civils, les personnels de santé, les hôpitaux ou les ambulances.

Un nouveau monde à explorer

A travers le cinéma, les séries télévisées, la littérature et désormais les jeux vidéo, les conflits armés ont toujours représenté une matière fertile pour nous divertir et peuvent à ce titre être utiles pour que le DIH soit mieux respecté dans le monde. L’année dernière, la Croix-Rouge de Belgique a par exemple développé une analyse, provenant de collègues australiens, pour proposer une animation en ligne afin de déterminer quels personnages de Game of Thrones s’étaient rendus coupables du plus grand nombre de crimes de guerre. Pour aller plus loin, les serious games, des jeux dont le but premier n’est pas de divertir mais d’éduquer ou de faire passer des messages, font aujourd’hui partie de l’éventail des possibilités pour évoquer une thématique de manière ludique, une méthode notamment utilisée par le CICR pour former son personnel aux situations sur le terrain. Le 3 mars dernier, la Croix-Rouge de Belgique a également dévoilé un tout nouvel outil sous forme d’un serious Game afin d’initier aux gestes de premiers secours. Une ressource à découvrir sur le site www.sauver.be !

 

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