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Le Droit International Humanitaire
10.06.2025 |

Diffuser le DIH face à la désillusion : l'approche 2.0 du CICR

©CICR, Al Nabih, Bilal

Dans un article publié sur son blog, le CICR explore les voies d’un renouveau de l’éducation au droit international humanitaire (DIH), face à une désillusion croissante quant à son effectivité. Cette réflexion stimulante résonne avec les pratiques de la Croix-Rouge de Belgique et interpelle toutes celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, contribuent à faire vivre et respecter le DIH : volontaires, professionnels ou tout simplement passionnés. Une lecture précieuse pour penser ensemble l’avenir de notre engagement.

Un article du CICR qui fait écho à notre quotidien

Publié récemment sur le blog du CICR en collaboration avec la FICR et les Sociétés nationales de Croix-Rouge danoise, canadienne et américaine, l’article « De la désillusion à une culture universelle du respect du droit international humanitaire : l’enseignement du DIH ‘2.0’ » aborde des questions qui nous traversent souvent, quelle que soit notre implication dans le DIH.

Un texte dense qui met des mots justes sur un sentiment que beaucoup partagent et sur les défis que nous affrontons collectivement : comment continuer à sensibiliser au DIH dans un monde où ce droit semble de plus en plus ignoré et dont les violations sont parfois banalisées ? Comment continuer à croire, à transmettre, à former, face à l’ampleur de ces violations et au cynisme ambiant ? Et surtout : comment continuer sans passer pour des idéalistes naïfs et déconnectés ?

Un constat : La désillusion… Mais pas la résignation

L’article part d’un constat qui nous est familier : le sentiment de désillusion qui plane parfois autour du DIH. La multiplication des conflits, leur brutalité, le respect insuffisant des règles, l’impunité apparente de certains actes, peuvent nourrir une forme de doute, voire de lassitude.

Mais les auteurs ne s’arrêtent pas là. Au contraire, ils y voient un appel à agir. Leur réponse est claire : il est urgent de renouveler la manière d’enseigner et de diffuser le DIH pour restaurer son sens, sa portée et sa force mobilisatrice. L’éducation au DIH, loin d’être un simple outil technique ou une obligation juridique des Etats, peut (et doit) être une source d’engagement, d’émancipation et de transformation.

Une éducation « 2.0 » : Participative, Critique, Engageante

L’article propose une vision dynamique de l’éducation au DIH, fondée sur trois piliers qui résonnent particulièrement avec les approches développées par la Croix-Rouge de Belgique :

  1. L’apprentissage par l’expérience grâce à des outils innovants : simulations, jeux de rôle, débats, projets créatifs… autant d’outils pour permettre aux jeunes et aux moins jeunes de mieux comprendre les enjeux humanitaires d’un conflit armé et de s’approprier les principes du DIH de manière concrète et vivante afin d’en saisir leur portée réelle.
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  2. La pensée critique : il ne s’agit pas d’enseigner un droit figé, mais bien d’ouvrir des espaces de questionnement, d’examen des limites, de confrontation aux dilemmes. Le doute n’est pas un ennemi, il peut être un moteur d’engagement.
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  3. L’appel à l’action : une bonne éducation au DIH ne s’arrête pas à la salle de classe. Elle donne envie d’agir, de s’engager, de porter les valeurs humanitaires dans son quartier, dans ses études ou dans sa trajectoire professionnelle. Elle crée des vocations, des réseaux, des relais.
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Quelle résonance pour le Croix-Rouge de Belgique ?

Ce texte, même s’il est ancré dans un contexte international, nous parle directement. Il éclaire le travail que l’équipe et les volontaires en DIH de la Société nationale réalisent au quotidien sur le terrain. Il traduit ce que beaucoup vivent : une tension constante entre conviction et découragement, entre idéal et pragmatisme.

Mais il renforce aussi la légitimité de notre engagement. Il nous rappelle que d’autres Sociétés nationales partagent les mêmes interrogations et avancent dans des directions similaires. Il montre que ce que nous faisons – par des animations, des formations, des mises en projets – participe à une dynamique mondiale en faveur d’une culture universelle de respect du droit.

Il rejoint également les réflexions portées au niveau du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et menées avec les Etats parties aux Conventions de Genève selon lesquelles le respect du DIH passe par une redynamisation des efforts de diffusion, par des approches innovantes, et par la constitution de véritables « communautés de convaincus » capables de relayer et d’incarner les principes humanitaires. En ce sens, il réaffirme le rôle fondamental de la diffusion du DIH pour créer un environnement favorable au respect de ce droit.

Des repères pour demain

En ce sens, ce texte n’est pas seulement une analyse, c’est un outil. Il peut nourrir la réflexion collective au sein du Mouvement mais aussi avec les Etats et les structures de l’éducation, renforcer la stratégie d’enseignement du DIH et inspirer les futurs projets. Il peut aussi aider à mieux valoriser l’impact du travail de diffusion du DIH, non pas en cherchant des résultats spectaculaires, mais en observant ce qui change autour de nous :

  • Des attitudes qui évoluent,
  • Des savoirs qui circulent,
  • Des personnes qui s’engagent,
  • Des liens qui se créent.

Lire cet article, c’est prendre un peu de recul, mais aussi retrouver du souffle.
C’est une invitation à continuer, à innover, à croire que nos efforts, aussi modestes soient-ils, participent à un mouvement plus vaste.
Parce qu’au-delà des violations et de la désillusion, il y a des personnes qui s’engagent. Et c’est cela, sans doute, la meilleure preuve que le DIH reste pertinent.

Envie de lire l’article ? Il est disponible ici.