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Le Droit International Humanitaire
23.05.2025 |

Quand l’art devient outil de sensibilisation aux droits humains en temps de guerre

Tout au long de l’année scolaire 2024-2025, l’ensemble des élèves de la section à pédagogie active de l’institut d’enseignement des arts techniques, sciences et artisanats de Namur (IATA), a réalisé une exposition interactive intitulée « Leurs droits, nos voix » avec l’accompagnement de la Croix-Rouge de Belgique (CRB).

L’exposition, qui s’est tenue en mai dernier aux Abattoirs de Bomel, était l’aboutissement de divers projets transversaux menés par l’équipe enseignante. Elle présentait tout le travail de sensibilisation et de création effectué sur les enjeux humanitaires inhérents aux situations de conflit armé.

Une année ponctuée d’activités de sensibilisation à l’attention des jeunes

Pendant une année scolaire, ces élèves ont exploré la question des droits humains en temps de guerre et d’exil avec leurs enseignant·es.

Certaines classes ont notamment eu l’occasion de vivre différentes animations proposées par le service d’éducation à la citoyenneté mondiale de la CRB. Dans le courant du premier trimestre, une centaine d’élèves a participé au « Raid Cross », d’autres au jeu de rôle « Rendez-vous en guerre inconnue ». Ces deux expériences immersives avaient pour objectifs de les plonger dans un conflit armé fictif afin d’appréhender les réalités des conflits armés contemporains et de se rendre compte que même la guerre a des limites !

Pour permettre à leurs élèves d’approfondir cette thématique complexe, les enseignant·es ont fait appel à d’autres partenaires pour organiser de nombreuses activités complémentaires. Par exemple, certain·es jeunes ont participé à une expérience immersive intitulée « Walk in my shoes » de Caritas International afin de mieux comprendre la réalité vécue par les personnes fuyant la guerre. Les plus grand·es de l’école ont découvert l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et la montée du nazisme en visitant notamment l’exposition immersive «Plus jamais ça» aux Territoires de la mémoire à Liège. De plus, ces dernier·es ont vécu deux journées d’échange avec de jeunes allemand·es de leur âge, dans le cadre d’un projet de mémoire avec l’asbl Mediel.

L’interdisciplinarité au cœur de la mise-en-œuvre de cette exposition

La thématique a été étudiée sous toutes les coutures à travers des animations, des recherches pendant les cours, des moments de réflexion et des ateliers d’arts plastiques, donnant la part belle à l’interdisciplinarité.

Dans le cadre du cours de religion, ce fut l’occasion de découvrir des personnalités qui se sont battues pour rendre le monde plus juste. En étude du milieu, des élèves ont découvert l’histoire de l’émigration belge. En géographie, le conflit à Gaza a été analysé pour mieux en comprendre les causes et les conséquences. En français, des étudiant·es ont rédigé un réquisitoire sur des personnes visées par un mandat d’arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI). Dans les cours de français, anglais, géographie, histoire, art et religion, des jeunes ont questionné les contextes passés et actuels ayant favorisé l’essor des mouvements d’extrême droite et les formes de résistance possibles.

« Leurs droits, nos voix », une exposition pour exprimer ses émotions et transmettre ses découvertes

Le fruit de ces mois de travail a donné vie à une exposition composées de plusieurs modules entièrement réalisés par les jeunes accompagné·es de leurs enseignant·es. Laissez-vous guider…

Des droits, des voix et des cœurs : agir pour la justice

Après la découverte de personnalités engagées pour plus de justice, le cours d’art et ses techniques artistiques ont permis de créer deux jeux pour mettre en valeur ces personnes et les notions apprises. Pour accomplir ces réalisations, les jeunes ont notamment découvert la technique de l’aquarelle.

Un projet de correspondance avec des élèves ukrainiens.

Tout au long de l’année, une classe a correspondu avec des jeunes ukrainien·nes faisant preuve d’empathie et mettant à profit leurs compétences rédactionnelles et artistiques. Ils et elles ont réalisé une vidéo pour présenter leur classe, leur établissement et leur culture, favorisant un échange interculturel riche. Des liens d’amitié se sont progressivement tissés entre les élèves, et ces échanges se poursuivent aujourd’hui à travers les réseaux sociaux.

Dans le cours d’arts plastiques, des élèves ont exploré la notion d’objets essentiels pour une personne confrontée à l’exil. Ce travail a permis d’approfondir leur compréhension des enjeux migratoires et de développer une sensibilité accrue à ces réalités complexes.

Des livres animés et des slogans pour exprimer ses émotions

Suite aux activités organisées par la CRB, des élèves ont créé des slogans et des livres animés pour exprimer leurs ressentis sur les réalités des conflits armés et de l’exil.

Certain·es élèves se sont également glissé·es dans la peau d’Argus, un enfant en situation de guerre, afin de raconter son histoire à travers la rédaction d’une nouvelle.

Des slams sur la condition des femmes dans les pays en conflit

Dans le cadre de deux ateliers slams animés par Lisette Lombé, des étudiant·es ont créé des slams pour s’exprimer sur la condition des femmes dans les pays en conflit. Ces slams étaient accompagnés d’une création en broderie inspirée du visuel d’ex voto qui tisse des liens puissants et symboliques avec ces slams.

Un projet artistique lié au conflit à Gaza

Nourri·es par des apports politiques et culturels issus des cours de français et de géographie, les élèves d’une autre classe ont présenté un réquisitoire sous la forme d’un fichier audio illustré par un travail photographique dans lequel les élèves incarnaient une victime du conflit.

La montée de l’extrême droite en Europe à travers la production d’un podcast et la création d’une œuvre collective

Les plus grand·es de la section ont réalisé un podcast analysant la situation politique d’un pays de l’Union européenne où l’extrême droite exerce une influence significative. Ce travail leur a permis d’explorer les facteurs ayant favorisé cette progression, les conséquences sur l’État de droit et les libertés civiles ainsi que les leviers d’action, tant politiques qu’individuels. En parallèle, un workshop artistique a donné naissance à une œuvre commune, reflet des réflexions et des émotions des élèves face à ces enjeux. Par le biais de la création, ils et elles ont questionné la mémoire collective, l’impact des idéologies extrémistes et l’importance du devoir de vigilance face aux dérives démocratiques.

Une conférence « Parcours d’exil : de la décision de partir à l’accueil en Belgique

Le vernissage de l’exposition était précédé d’une conférence ayant pour thématique l’accueil des demandeurs et demandeuses de protection internationale en Belgique, notamment. Elle a été menée conjointement par un élève de rhéto et un professeur qui ont interrogé divers intervenant·es, avocat·es spécialisé·es dans le droit des étrangers mais également des collaborateur·rices et résidents du Centre d’accueil de la Croix-Rouge de Jambes.

Le fil rouge de cette conférence était celui d’un parcours migratoire fictif permettant d’aborder les causes de départ, les conditions de voyage, l’arrivée dans un pays d’accueil et la procédure d’asile.

« Leurs droits, nos voix », un projet de longue haleine inspirant

Ce projet, qui a mobilisé une vingtaine d’enseignant·es et plus de 200 étudiant·es pendant 9 mois, a permis de sensibiliser près de 300 visiteur·euses. Une belle réussite qui prouve l’engagement de ces jeunes grâce à l’investissement d’une équipe éducative motivée !

Julie Cochart, professeure à l’IATA et Fabienne Van Michel, coordinatrice de projets en ECM-DIH