Former les encadrant·es pour démultiplier la diffusion du DIH auprès des jeunes
Soudan, Ukraine, Syrie, Yémen…. Face aux nombreuses images de conflits armés et de violences généralisées qui imprègnent notre quotidien (médias, jeux vidéo, films…), il est plus que jamais important d’accompagner les encadrant·es jeunesse (enseignant·es, animateur·rices en maison de jeunes, …) pour aborder ces questions avec les jeunes. C’est la raison pour laquelle la Fédération Wallonie-Bruxelles a sollicité la Croix-Rouge de Belgique, réputée pour son expertise pédagogique sur les questions relatives au respect de la dignité humaine en temps de guerre.
Une initiative du Ministère de l’Education de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Reconnue comme centre labellisé pour la Mémoire par la cellule « Démocratie ou Barbarie » (DOB) de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), la Croix-Rouge de Belgique a été contactée par cette cellule de coordination pédagogique de la Ministre de l’Education, Caroline Desir, afin d’envisager un partenariat dans le cadre de la formation continue des enseignant·es. L’objectif était de permettre à ce public de disposer des clés nécessaires pour aborder les enjeux des conflits armés avec les jeunes…
ABORDER LA VULNÉRABILITÉ DES ENFANTS EN TEMPS DE CONFLIT ARMÉ ET D’EXIL AVEC LES PLUS JEUNES
La première journée de formation s’est déroulée le 4 octobre 2022 au siège de la FWB et a réuni une quinzaine de participant·es issu·es de différents établissements scolaires ou organisations jeunesse dont le public cible est âgé de 10 à 14 ans. L’angle choisi a été d’aborder la vulnérabilité des enfants en temps de conflit armé et d’exil, en accordant une attention aux droits de l’enfant. C’est tout naturellement que l’outil pédagogique « Alec et Clea sur le chemin de la guerre » s’est imposé au cœur de ce dispositif. Par l’animation de cet outil, les participant·es se sont familiarisé·es au processus d’éducation à la citoyenneté mondiale mis en place dans nos interventions auprès des jeunes. Dans un premier temps, les participant·es ont construit l’arbre de la dignité humaine reprenant tout ce dont nous avons besoin pour vivre et nous sentir bien. Cette activité permet de traduire, pour des jeunes, cette notion abstraite de « dignité humaine » en une prise de conscience concrète. Menée avec les enfants, cette première étape fait émerger leurs représentations et leurs connaissances sur la notion de dignité humaine et la thématique des conflits armés. Elle leur fait prendre conscience de des notions d’universalité et d’égalité pour replacer l’être humain au cœur des enjeux et préoccupations en temps de conflit armé.
Dans un second temps durant l’animation du jeu « Alec et Clea sur le chemin de la guerre », les participant·esont été amené·es, comme le feraient les enfants en animation, à poser des choix respectueux de la dignité humaine face à différentes situations rencontrées en temps de conflit armé et à trouver les arguments nécessaires pour les justifier.
« Avec le jeu « Alec et Clea », de manière ludique et constructive, nous entrons dans la réalité quotidienne de deux enfants confrontés à un contexte de guerre. Les diverses situations qu’ils rencontrent nous poussent à un jeu de rôle dans lequel poser un choix n’est jamais neutre et anodin. Quelle décision prendre dans le respect de la dignité humaine ? Et dès lors le débat est ouvert … Les balises légales existent, il est bon de rappeler ce fait et de les connaître car oui, la guerre a des limites … C’était un moment réflexif, instructif et efficace en vue de confronter à notre tour nos enfants dans les classes à des réalités qui peuvent poser question, être anxiogènes, mais être abordées, grâce au jeu, avec réflexivité, et citoyenneté. » Martine Meessen – École primaire communale de Henri-Chapelle et École St Joseph de Welkenraedt (primo-arrivants)
DE LA GUERRE À L’EXIL, COMPRENDRE POUR AGIR
La seconde journée de formation s’est tenue le 7 octobre 2022 au siège de la FWB et a réuni une dizaine de participant·es issu·es de différents établissements scolaires secondaires et organisations de jeunesse. « Rendez-vous en guerre inconnue » est l’outil qui a été au cœur de cette nouvelle journée de formation à l’attention d’encadrant·es s’adressant à des jeunes de plus de 15 ans, et qui ont ainsi pu s’initier à l’approche en éducation à la citoyenneté mondiale par la même occasion. Le temps du jeu, les participant·es se sont retrouvé·es au cœur même d’un conflit armé fictif. Endossant le rôle de membres d’une des parties au conflit, de civil·es, d’acteur·rices humanitaires ou de journalistes cette fois, les encadrant·es ont été amené·es à agir et réagir en situation de guerre, à poser des choix et à en mesurer les conséquences. Cet outil permet d’aborder d’autres questions que celles traitées avec les plus jeunes et d’approfondir certaines notions comme la complexité de la guerre à travers la diversité des parties en présence lors d’un conflit armé. Il permet de développer son esprit critique, notamment grâce aux dilemmes proposés lors des situations armées, ou encore vis-à-vis des messages véhiculés par les médias. L’existence d’une justice internationale compétente, complémentaire à la justice nationale pour juger les crimes de guerre, a été développée de manière plus détaillée.
« J’ai hâte de pouvoir tester le jeu avec mes collègues et nos élèves. Ce jeu donne une tout autre vision de ce que peut être un conflit armé, avec les responsabilités et rôle de chacun des protagonistes. »
Christophe Simon – enseignant IPPJ Wauthier-Braine
Un dispositif de formation actif et concret
Lors des deux journées de formation, le dispositif pédagogique mis en place se voulait participatif, actif et réflexif. La formation débute par un photolangage qui invite les participant·es à formuler leurs motivations pour aborder le respect de la dignité humaine en temps de guerre avec leurs jeunes et pour exprimer leurs attentes. Par la technique du débat mouvant, les participant·es se sont interrogés sur différentes affirmations concernant la guerre et ses limites. À titre d’exemples, ils. elles ont dû se questionner et argumenter sur des affirmations comme « La guerre est interdite », ou encore « Dans la guerre, tout est permis ». Enfin, chacun·e a pu faire connaissance avec le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en découvrant ses composantes et ses missions. Les deux journées se sont clôturées par la présentation de la mise en action des jeunes pour un meilleur respect de la dignité en temps de guerre en leur permettant d’agir pour l’humanité et de devenir des citoyen·nes du monde engagé·es. Les participant·es ont pris connaissance de la campagne d’appel à projet « La guerre, ça nous regarde ! » qui permet aux jeunes d’être accompagné·es par la Croix-Rouge de Belgique dans une mise en projet visant à diffuser les principes et valeurs du droit international humanitaire. Deux modules de formation enrichissants qui nous ont permis de rencontrer des encadrant·es jeunesse intéressé·es par le DIH, à la recherche de nouveaux dispositifs pédagogiques et soucieux·ses d’acquérir de nouvelles connaissances.
« La formation était de qualité. Mes collègues et moi-même avons beaucoup apprécié. Nous en ressortons avec des outils concrets à mettre en œuvre en classe. » Delphine Meureau – IPES de Seraing
« … Je pense avoir reçu les connaissances nécessaires pour pouvoir former à mon tour. J’ai été soulagée de savoir que nous pourrions encore obtenir le soutien de la Croix-Rouge si des points présentaient des difficultés. Je souhaite signaler le dynamisme des deux ateliers, l’intérêt des notions présentées, la disponibilité de l’animatrice. L’an prochain, nous animerons certainement des groupes au sein de la bibliothèque de Gembloux grâce à ces beaux jeux.
Erika Donis – asbl Ami, entends-tu ?
Deux modules de formation enrichissants qui nous ont permis de rencontrer des encadrant·es jeunesse intéressé·es par le DIH, à la recherche de nouveaux dispositifs pédagogiques et soucieux·ses d’acquérir de nouvelles connaissances.