Enfants parmi les soldats, comment arrêter ça ?
Ce 12 février 2022, journée internationale contre l’utilisation des enfants associés aux forces armées et aux groupes armés, marque le 20e anniversaire de l’entrée en vigueur du Protocole concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.
La Croix-Rouge de Belgique vous propose de faire le point sur ce phénomène des « enfants soldats » : bilan de la situation actuelle, quels sont les enjeux humanitaires, et que faisons-nous en Belgique ?
Des violations toujours aussi nombreuses en 2022
Le droit international protège les enfants contre le recrutement et la participation aux hostilités, d’une part, grâce aux deux Protocoles additionnels de 1977 aux Conventions de Genève relatifs à la protection des victimes des conflits armés, et d’autre part grâce au Protocole facultatif de 2000 se rapportant à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés. Malgré le fait que 172 pays ont ratifié ce Protocole facultatif, le nombre de violations graves commises envers les enfants en temps de conflit reste conséquent.
Sur l’année 2020, le Secrétaire général des Nations Unies expose dans son dernier rapport sur le sort des enfants en temps de conflit armé que pas moins de 26.425 violations graves des droits de l’enfant ont été vérifiées dans 21 situations.
Ce rapport relate des informations portant sur les six violations graves considérées par le Conseil de sécurité des Nations Unies comme ayant les plus lourdes conséquences envers les enfants en temps de conflit :
- Meurtres et mutilations d’enfants ;
- Recrutement et utilisation d’enfants ;
- Violences sexuelles commises contre des enfants ;
- Enlèvements d’enfants ;
- Attaques contre des écoles et des hôpitaux ;
- Et déni d’accès des enfants à l’aide humanitaire.
Le recrutement et l’utilisation de 8.521 enfants figurent parmi les violations les plus nombreuses. Le rapport constate en outre que 3.243 enfants ont été détenus au motif de leur association réelle ou présumée avec des groupes armés ou pour des raisons de sécurité nationale.
Il est important de noter que ces chiffres ne représentent pas l’ampleur des violations commises à l’encontre d’enfants car la vérification de ces faits dépend de nombreux facteurs dont l’accès à l’information et le Covid a également amené des freins dans ce sens.
Prévenir et mettre fin au recrutement d’enfants dans les forces et groupes armés et à leur participation aux hostilités représentent donc encore un enjeu humanitaire important.
Le recrutement et la participation aux hostilités ont des conséquences néfastes sur le développement et l’éducation de l’enfant, car ils exposent ce dernier à d’importants risques. Durant toute la période de sa participation aux combats, l’enfant n’est plus protégé spécifiquement sur le champ de bataille et il devient en tant que combattant, une cible légitime selon le droit international humanitaire. Il est en outre victime, témoin et auteur d’atrocités durant son engagement. L’enfant souffre ainsi de séquelles physiques, psychologiques et sociales pendant et longtemps après les hostilités. La privation de liberté en raison de sa participation aux hostilités peut aussi constituer une expérience traumatisante et nuire ainsi durablement au développement futur de l’enfant : capturé, il peut faire l’objet de mauvais traitements et être privé des biens de première nécessité et de l’encadrement dont il aurait besoin.
Désinvisibiliser le phénomène grâce au travail de photojournalistes
La visibilité du phénomène des enfants soldats est notamment possible grâce au travail de photoreportage qui nous permet d’illustrer nos messages de sensibilisation. À l’occasion de la journée internationale des enfants soldats, la Croix-Rouge de Belgique souhaite mettre la lumière sur deux photos d’Alfredo Bosco, artiste photojournaliste et lauréat 2020 du Visa d’Or humanitaire du CICR.
Le Visa d’Or humanitaire du CICR est un prix qui récompense chaque année un·e photojournaliste traitant d’un sujet humanitaire en lien avec les conflits armé. Ce prix est décerné dans le cadre du Festival international de photojournalisme de Perpignan, Visa pour l’Image. Depuis 2018, la thématique de ce concours est la guerre en milieu urbain et les conséquences sur les populations.
Ces photos, ainsi que celles de 3 autres lauréats, étaient publiées lors de l’exposition « Urban Warfare », organisée par Géopolis en collaboration avec le CICR du 10 décembre 2021 au 11 février 2022.
Et la Belgique dans tout ça ?
La Croix-Rouge de Belgique, par son mandat de diffusion du droit international humanitaire, soutient la Belgique dans ses actions diplomatiques au niveau international en faveur d’un meilleur respect des droits des enfants affectés par les conflits armés.
Ses objectifs :
- Encourager l’adhésion universelle des Etats au Protocole concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés et assurer sa mise en œuvre effective par l’adoption de toutes les mesures nécessaires pour prévenir et interdire le recrutement d’enfants dans les forces et groupes armés et leur participation aux hostilités ;
- Fixer un âge minimal de recrutement, même volontaire, à 18 ans dans les forces et groupes armés sans aucune distinction ;
- Encourager des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des enfants soldats ;
- Poursuivre la sensibilisation de l’opinion publique à la problématique des enfants soldats.