Le Concours Jean-Pictet : récit d'une participante et volontaire Croix-Rouge
Si vous êtes en train de lire cet article, il ne m’est probablement pas nécessaire de vous expliquer qui est Henry Dunant. Mais connaissez-vous tout aussi bien Jean Pictet, autre figure emblématique du DIH qui a donné son nom au concours qui nous intéresse aujourd’hui ? Suisse comme Henry Dunant, Jean Pictet passa 42 ans au service du Comité International de la Croix-Rouge. De ses nombreux accomplissements, on soulignera son influente collaboration à l’élaboration des Conventions de Genève des Protocoles additionnels ainsi qu’aux Commentaires de ces Conventions qui ont aujourd’hui une influence considérable sur la compréhension du DIH.
Intéressons-nous à présent au concours auquel Jean Pictet a donné son nom : le Concours International Jean-Pictet.
Clôturer ses études en leur donnant du sens
L’Université de Liège propose à plusieurs de ses étudiant.e.s de dernière année du Master en Droit de participer à des concours interuniversitaires en lieu et place d’un travail de fin d’étude classique. En mai dernier, nous avons ainsi eu le plaisir d’être sélectionnées avec Mathilde Kieken et Juliette Hamoir, avec qui ces mois de travail d’équipe furent un réel plaisir, pour représenter l’Université de Liège au Concours International Jean-Pictet.
La préparation était intense mais en valait la peine. Sélectionnées pour la phase orale du Concours, nous avons été formées dans de multiples matières afin d’envisager en toute sérénité le concours qui nous opposeraient à de nombreuses universités internationales, venant du Mexique, d’Inde ou encore d’Israël.
L’incertitude amenée par la pandémie mondiale nous aura fait douter jusqu’au bout mais nous avons pu – à notre grand soulagement – déposer nos valises en Albanie pour y vivre la semaine de notre vie.
Bien que le Concours Pictet soit une compétition internationale, il s’agit avant tout d’une semaine conviviale offrant cette opportunité – davantage encore savourée en période de Covid – d’être entourés de personnes inspirantes : des étudiants venant du monde entier aux mêmes idéaux, des professeurs d’université et doctorants, des membres de l’ONU, du Mouvement International de la Croix-Rouge…
La 35e édition du Concours international Jean-Pictet
Depuis 1989, ce concours a permis à plusieurs milliers d’étudiant.e.s à travers le monde de vivre une expérience unique en matière de DIH. Les Pictéistes sont en effet plongés dans un conflit fictif créé de toutes pièces pour l’occasion, se déroulant cette année dans la région imaginaire du Pérosi. Construction d’un barrage aux lourdes conséquences pour la population civile, tensions entre ethnies, utilisation – présumée – d’armes biologiques, patrimoine culturel mis en danger…
Ne connaissant pas à l’avance les sujets précis des différentes simulations, notre préparation a concerné diverses matières relatives au droit international : le DIH, bien entendu, mais aussi le droit international pénal, le droit international des Droits de l’Homme, le droit des étrangers…Durant toute notre préparation, nous avons été encadrées par le service de DIH de l’Université de Liège, composé de Louna Monaco et Christophe Deprez, qui se charge dans le même temps de l’encadrement des étudiant.e.s participant au Concours Interuniversitaire de DIH organisé par la Croix-Rouge de Belgique.
A l’occasion de l’approfondissement de certaines thématiques, des intervenants extérieurs étaient également invités par nos professeurs. C’est ainsi que nos connaissances concernant le Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont été perfectionnées grâce à l’expertise de Frédéric Casier, Conseiller juridique en DIH à la Croix-Rouge de Belgique.
Le jeu de rôle comme outil de formation
Jongler entre toutes ces matières nous a permis d’envisager sereinement les jeux de rôles de la semaine Pictet. Pour ne citer que quelques exemples, nous avons dû, en tant que LEGAD, étudier la légalité de bombardements imminents ; en tant que représentants gouvernementaux, discuter de problématiques liées à la présence de mines antipersonnelles intelligentes ou encore négocier un accès à un camp de réfugié avec un groupe armé.
Durant ces simulations, le jeu de rôle occupait une place centrale. Des capacités de négociations politiques, d’écoute active face aux autres équipes mais surtout de compréhension des enjeux et des intérêts poursuivis par les différentes parties à la simulation étaient essentielles. Par exemple, afin de négocier l’accès avec le groupe armé, l’essentiel était de dépasser l’aspect juridique de la discussion et d’envisager politiquement quels seraient les avantages pour nos interlocuteurs – peu coopérants – d’autoriser un tel accès…
Cette volonté qu’a le Comité Jean-Pictet de former les Pictéistes au travers de jeux de rôle se retrouve dans l’approche du service d’ECM-DIH concernant les animations proposées en milieu scolaire. En effet, les outils pédagogiques utilisés lors des animations en milieu scolaires sont avant tout des outils ludiques qui visent à ouvrir les yeux des jeunes sur des réalités mondiales qui ne sont pas les leurs.
« Alec et Cléa », le jeu éducatif utilisé en école primaire principalement, amène les jeunes à prendre des décisions en se mettant dans la peau de militaires : bombarder une école ou faire passer des prisonniers sur un champ de mines, est-ce que ça me pose problème ? « Rendez-vous en guerre inconnue », l’outil pédagogique à destination du secondaire, fraîchement finalisé, amène quant à lui les adolescent.e.s à plonger dans ce conflit et à se mettre dans la peau non seulement de membres de groupes armés mais aussi d’humanitaires ou de journalistes.