Les jeunes, entre crainte de la guerre et désir de paix
Afin de répondre à la question « comment les leaders de demain perçoivent la guerre ? », le Comité International de la Croix-Rouge a réalisé un sondage auprès de la génération Y, composée de jeunes adultes âgés de 20 à 35 ans. Sur base des résultats, le CICR a publié un rapport paru en janvier 2020 et intitulé « La génération Y et la guerre », qui constitue le cinquième volets des travaux menés pour tenter de comprendre le point de vue du grand public sur la guerre et faire mieux connaitre le droit international humanitaire.
La guerre et les conflits armés, un problème majeur pour les milléniaux
Pour réaliser cette étude intitulé « Ils n’ont pas allumé le feu : les Millenials, la guerre et la paix« , le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a interrogé 16.000 milléniaux dans 16 pays différents. Les entretiens ont été menés dans des pays ou territoires touchés par la guerre et la violence, mais aussi auprès de populations vivant en situation de paix, afin de faire ressortir les points communs et les divergences d’opinions qui peuvent exister en fonction de ces différents contextes. Il apparait clairement que la génération Y est inquiète pour son avenir, près de la moitié des sondé·e·s estimant par exemple très probable qu’une troisième guerre mondiale ait lieu de leur vivant. Mais, ils·elles peuvent également se montrer optimistes, puisque 74% de ces jeunes affirment que la plupart des guerres et conflits armés peuvent être évités. Et si seulement 30% des personnes interrogées vivant dans un pays ou sur une territoire en paix estiment qu’on observera moins ou plus du tout de guerre dans les 50 prochaines années, elles sont 46% à penser le contraire dans les contrées touchées par la guerre.
Des limites à poser pour éviter les victimes civiles
Globalement, 54% des milléniaux indiquent avoir déjà entendu parler des Conventions de Genève. Et même si 3 jeunes sur 4 sont convaincus de la nécessité de poser des limites aux modalités de conduite des guerres, ils·elles sont tout de même 36% à partager le sentiment que ces règles ne peuvent pas contribuer à limiter les souffrances endurées pendant une guerre ou un conflit. Concernant l’utilisation d’armes nucléaires ou de destruction massive, la génération Y se positionne majoritairement contre. Les jeunes Syrien·ne·s représentent à cet titre le taux le plus fort de désapprobation des armes nucléaires (98%) et des armes chimiques ou biologiques (96%), et ce en toutes circonstances.
Des tendances inquiétantes pour le respect des valeurs humaines fondamentales
En avant-propos du rapport, le Président du CICR, Peter Maurer, met en garde contre l’acceptation inquiétante du langage déshumanisant employé communément pour désigner « l’ennemi » et rappelle que chacun·e a le droit d’être traité avec dignité. Dans le sondage, 36% des milléniaux estiment que les combattants ennemis capturés ne devraient pas être autorisés à contacter leurs proches et 41% pensent que la torture se justifie dans certaines circonstances. Face à ces résultats, le CICR demande aux membres de la génération Y de défendre les valeurs fondamentales qui sous-tendent les règles de la guerre, de ne pas employer un langage déshumanisant pour parler de personnes ayant des opinions différentes ou difficilement compréhensible et souhaite que les années à venir soient placées sous le signe de la mobilisation, de l’écoute mutuelle et de l’empathie.
Et qu’en pense la génération Z en Belgique ?
En juillet 2019, le programme fédéral d’Éducation à la Citoyenneté Mondiale, Annoncer la Couleur, a commandité un sondage afin de savoir ce qui mobilise les plus jeunes aujourd’hui : quelles sont leurs valeurs, leurs centres d’intérêt, leur positionnement sur des enjeux de société et leur niveau d’engagement ? Plus précisément au sujet des conflits armés, 72% des jeunes belges âgé·e·s de 14 à 19 ans se disent touché·e·s par les guerres, mais ils·elles sont seulement 56% à se sentir bien informé·e·s sur la question des conflits armés. A la même période, la Croix-Rouge de Belgique a fait réaliser une enquête auprès de la population belge dans son ensemble pour sonder ses perceptions sur la guerre. Cette étude démontrait que plus la familiarité avec les règles de droit international humanitaire est importante, plus la conviction est ancrée que cela a un sens d’imposer des limites à la façon de mener la guerre, renforçant la certitude de la Croix-Rouge qu’il est indispensable de continuer à diffuser le DIH dans les zones de paix ou de conflit et ce, à destination de toutes les générations.